Au cours de mon voyage au Cambodge, j’ai eu l’occasion d’en apprendre plus sur l’histoire terrible de ce magnifique pays. Histoire qui a provoqué la situation dans laquelle le pays se trouve aujourd’hui. Les Khmer l’ont complètement ruiné tant sur le plan économique que culturel. L’occupation américaine a dollarisé l’économie et tiré le niveau de vie à la hausse, alors même que les conditions de vie, l’éducation, l’emploi et les salaires des Cambodgiens ne suivaient pas. Et aujourd’hui, la corruption gangrène l’Etat à la tête duquel se trouve un ancien Khmer rouge qui ne fait pas grand chose pour son pays.
J’ai vraiment été très étonnée, et c’est peut-être naïf de ma part, d’apprendre que la plupart des travaux de rénovation que ce soit les lieux culturels ou les infrastructures, sont entrepris par les gouvernements étrangers en tête desquels la Chine. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne trouve pas cette situation très saine. Et en même temps, si le gouvernement ne fait rien ? Que faire ? Laisser les Cambodgiens dans leur misère ?
Heureusement, petit-à-petit, des locaux se mobilisent pour mettre en place des programmes d’aide aux jeunes. Il s’agit de les inciter à poursuivre leurs études, de les aider à s’insérer dans l’emploi. Il s’agit, en un mot, de créer l’élite de demain afin qu’elle puisse se réapproprier son pays.
Ainsi, un peu partout dans le pays, les écoles de cuisine et hôtelières ont ouvert des restaurants et des hôtels pour permettre aux jeunes de mettre en pratique la théorie acquise en cours et les confronter à la réalité du monde professionnel. Il existe également des agences touristiques comme Butterfly Tour qui offrent aux jeunes un petit job pour qu’ils puissent gagner de l’argent tout en poursuivant leurs études. D’autres comme Buffalo Trails mettent en place des excursions impliquant les communautés locales. Les guides sont des locaux, une partie de l’argent est reversée aux familles ou alimente des programmes d’amélioration des conditions de vie des Cambodgiens.
Dès que j’ai pu, j’ai dormi dans ces hôtels, mangé dans ces restaurants, réservé ces excursions. Cela coûte parfois un peu plus cher, mais je n’ai jamais été déçue de la qualité des services proposés. Et puis le coût de la vie au Cambodge est tellement dérisoire, que je pouvais me permettre de dépenser un peu plus « pour la bonne cause ».
Certes, ces initiatives sont à double tranchant. Elles créent une dynamique favorable pour les jeunes et en même temps, elles les orientent tous vers le tourisme. Quid de l’agriculture ? De l’artisanat traditionnel ? Des sciences ? De la recherche ? Tous les jeunes avec qui j’ai eu l’occasion de discuter n’ont qu’un rêve : ouvrir leur propre agence de tourisme et leur hôtel « resort ». Qui peut les blâmer, puisque c’est apparemment là que se trouve l’argent.
Je ne sais pas l’usage qui sera fait de ma « contribution » à ce système. J’ose espérer qu’il favorisera l’évolution des choses, dans le bon sens. Aidera les Cambodgiens a reprendre en main le destin de leur pays. Et même si ce n’est pas vraiment le cas, si c’est naïf de ma part, je préfère penser qu’il est allé aux locaux plutôt qu’aux hommes et femmes d’affaires européens, chinois, voire vietnamiens, qui ont vu au Cambodge l’opportunité de faire du business facilement sur le dos d’un pays qui peine à se reconstruire.